Vidéo de l'intervention accessible sur la plateforme Canal-U
La Vallée des Merveilles est un site archéologique majeur. Situé à Tende (Nice, Alpes-Maritimes), et daté entre l'âge du Cuivre et l'âge du Bronze, il présente près de 40.000 figures gravées éparpillées dans huit vallées à plus de 2000 mètres d'altitude.
La découverte scientifique de ces représentations a été opérée par Matthew Moggridge (1803 -1882). Il présente le site lors de l'International Congress of Prehistoric Archeology de 1868 à Londres ainsi qu'une sélection de gravures. Par la suite, le site est étudié par Émile Rivière (1835-1922) qui propose en 1878 la datation à l'âge du Bronze. À son tour, Clarence Bicknell (1842-1918) entame un projet d'inventaire de la totalité des gravures entre 1881 et 1918. Enfin, l'équipe de Piero Barocelli (1887-1981), Sopraintendente (responsable régional des études sur les antiquités), étudie la vallée entre 1927 et 1942, et la divisent en zones d'intérêt archéologique. L'intérêt croissant des communautés locales et des archéologues permettra le classement du site dès 1959.
Toutefois, la connaissance de ce site ne peut être réservées aux seuls archéologues. La vallée est explorée dès 1803 par d'autres communautés «profanes» aux études antiquaires, tels les voyageurs et les militaires. Ainsi, la première référence de l'époque contemporaine peut être relevée dans l'un des volumes des Statistiques départementales de France post-révolutionnaires rédigé par le médecin légiste Emmanuel Fodéré (1764-1835), lors d'une enquête sur les ressources du département. Ce manuscrit a été publié en 1821 sous la forme d'un des Voyages aux Alpes, nombreux à cette époque. Les travaux de repérages des champs de batailles historiques, menés par des officiers retraités de l'armée, fournissent une autre source d'information. Toutes ces études menées par des amateurs vont contribuer à la formation du cadre conceptuel dont vont user les archéologues pour interpréter ce site.
La méthode d'analyse «par en bas», qui élargit le champ des recherches en histoire des sciences aux communautés qui ne s'affichent pas explicitement dans le champ scientifique, estompe les strictes contours des logiques disciplinaires et permet de franchir les frontières entre genre littéraire et scientifique, facilite la mise en valeur des apports des communautés «profanes» envers la discipline. À travers l'analyse des sources de deux genres – la littérature du voyage et la pratique militaire –, ma communication sera d'éclaircir les continuités et discontinuités entre les pratiques antérieures de ces communautés et leurs apports à la discipline archéologique qui les récupère.
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