Depuis l'entrée en vigueur du Traité international sur les ressources phyto-génétiques pour l'alimentation et l'agriculture (TIRPAA), voulu par la FAO en 2001, les deux principales initiatives gouvernementales mexicaine de conservation[1] de la biodiversité agricole affichent, dans leur programme, de consacrer des efforts pour intégrer les pratiques agricoles traditionnelles. Ils visent à diriger des « travaux communautaires » dans lesquels la protection et l'usage « traditionnel » des variétés locales de maïs sont conduits à travers une institutionnalisation de savoirs paysans. Par exemple, le CIMMYT et l'INIFAP[2] ont consacré plus d'effort vers une sélection variétale « participative ». Ce nouveau processus d'amélioration variétale est vu par les institutions comme une manière de faciliter l'adoption des nouvelles variétés et l'acceptation du « travail » même des institutions auprès des agriculteurs.
Comment la sortie d'un dispositif dirigé uniquement par des agronomes impliqués dans la gestion de la biodiversité cultivée a-t-elle conduit à un processus d'institutionnalisation d'une conservation et d'une gestion de facto de la biodiversité cultivée? Comment pouvons-nous rendre compte de la trajectoire épistémique et politique de cette réalité ? Comment s'opère la pénétration/absorption de la pratique paysanne dans un discours savant ? Quelles sont les difficultés qui empêchent de construire un savoir scientifique permettant d'allier les deux approches?
Pour analyser la formation de ces expériences « participatives », j'étudierai les éléments saillants qui sont ressortis au cours de la réflexion conduite sur la pratiques agricoles traditionnelles pendant la période de 1950-1990 par les agronomes mexicains. En particulier, j'analyserai les projets de recherche menés par l'agronome et ethnobotaniste Hernandez Xolocotzi. Les recherches de Xolocotzi, appelées « de huarache »[3], ont joué un rôle majeur dans la construction de l'idée que les autochtones mexicains furent les créateurs de variétés de maïs. Retracer la trajectoire de cette école est indispensable pour suivre l'évolution du « regard » agronomique vers les pratiques agricoles préexistantes et pour mieux comprendre les tentatives de les intégrer dans les programmes et dans les discours savant d'aujourd'hui. Depuis les expériences des agronomes avec les huaraches à aujourd'hui, la place accordée à la science agricole par en bas occupe chaque fois une position stratégique/instrumentale différente que je vais décortiquer.
[1] Celles de la Commission Nationale pour les Aires Naturelles Protégées (CONANP) et du Sistema Nacional de Recursos Fitogenéticos para la Alimentación y la Agricultura (SINAREFI).
[2] International Maize and Wheat Improvement Center et Institute for Research in Forestry and Agriculture
[3] Sandales utilisés par les paysans
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