Vidéo de l'intervention accessible sur la plateforme Canal-U
L'apport de la production historique qui a suivi l'appel lancé par Roy Porter, dans son article programmatique de 1985, a contribué à transformer notre appréhension du monde médical d'Ancien Régime. La multiplication des recours de malades à différents types de praticiens, l'importance de la médecine domestique et des soignants irréguliers sont du nombre des acquis indéniables de cette approche. Face à cette complexification de notre compréhension du monde médical, il est légitime de reconsidérer la place et la réalité quotidienne des praticiens réguliers. Un survol rapide de l'historiographie révèle que curieusement, les pratiques et les conceptions médicales du docteur en médecine demeurent mal connues.
Dans cette présentation, il s'agira de contribuer à combler cette lacune par le biais de l'étude d'un cas particulier, celui d'un médecin genevois actif à la fin du XVIIIe siècle, Louis Odier (1748-1817). En proposant une analyse des nombreux écrits qu'il a laissés (écrits autobiographiques, correspondance, livres de comptes), il est possible de reconstituer les pratiques de soins quotidiens et les stratégies économiques d'un médecin qui cherche à gagner sa vie en pratiquant la médecine. La lecture de sa production scientifique, de sa correspondance professionnelle et de ses manuscrits débouche sur un constat frappant : le médecin prête une attention constante à l'évolution du savoir médical et s'efforce, par le biais de l'analyse empirique de sa pratique, d'y contribuer. Le tableau d'ensemble permet de reconstituer l'évolution de la pratique et des conceptions médicales d'un médecin actif et réfléchi à la fin de l'Ancien Régime.
- Presentation