Thursday 6
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Stéphane Tirard (Centre F. Viète, Université de Nantes)
› 15:30 - 16:00 (30min)
› Salle de conférences
L'Aufklärung, les périodiques savants et les discours sur la pédanterie
Claire Gantet  1  
1 : Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne  (UP1)  -  Website
Pres Hesam, Université Paris I - Panthéon-Sorbonne
12 place du Panthéon - 75231 Paris Cedex 05 -  France

Vidéo de l'intervention accessible sur la plateforme Canal-U

S'il existe une caractéristique commune aux divers courants et mouvements rassemblés dans le terme d'Aufklärung, ce fut le souci de propager le savoir et par là extirper préjugés et superstitions. Pour les contemporains du début du XVIIIe siècle, c'était par l'érudition ou la science (eruditio, Gelehrsamkeit) que l'individu pouvait affiner sa faculté de juger, parvenir ainsi à une reconnaissance de la vérité et opérer un tri entre le vrai et le faux de même qu'entre le bien et le mal. Et le véhicule sur lequel on misa pour procéder à cette opération, ce fut les périodiques savants qui, de fait, connurent une faveur inédite dans l'Allemagne de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècles. Près de 2000 périodiques savants furent fondés. Leur omniprésence, leur disponibilité et leur actualité permirent le développement d'une discussion publique, ouverte et critique au moyen de leurs recensions et nouvelles scientifiques. D'emblée, les journaux savants allemands firent de la pédanterie un thème central. Leurs colonnes justifièrent leur rang, leur dignité et valeur scientifiques en ce qu'ils allaient refouler l'érudition ‘pédante' baroque et diffuser, développer, populariser le savoir et l'éducation, c'est-à-dire l'Aufklärung. Autrement dit, il existait un lien intrinsèque entre l'Aufklärung, la volonté de populariser le savoir et l'édition de journaux savants.

À l'issue du XVIIIe siècle, qui semblait avoir été le théâtre à la fois d'un triomphe de l'Aufklärung et d'un essor considérable des périodiques savants, les voix se multiplièrent pour dénoncer l'influence néfaste des journaux critiques sur le public, la culture et la nation. On fustigea en particulier la mission de direction de l'opinion que s'étaient arrogée quelques recenseurs. Mais les lecteurs aussi entendaient savoir de tout et parler de tout avec de médiocres connaissances issues de la seule lecture de recensions engagées. Cette pédanterie contagieuse des recenseurs et lecteurs qui débouchait sur un nivellement, sinon une régression culturelle, était engendrée par le genre lui-même du journal érudit.

Le discours sur la pédanterie, sur la distinction entre savants et demi-savants, permettra d'expliquer ce basculement entre la fin du XVIIe et la fin du XVIIIe siècle. C'est en effet autour de ce thème que les journaux savants en tant qu'organes et véhicules du savoir se définirent, s'interrogèrent et furent mis en question.

 



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