Thursday 6
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Laurence Guignard (Université de Lorraine)
› 15:00 - 15:30 (30min)
› E 18
Les coulisses de l'édition scientifique au XVIIIe siècle
Miriam Nicoli  1@  
1 : Université de Lausanne  (UNIL)  -  Website
Lausanne -  Suisse

Vidéo de l'intervention accessible sur la plateforme Canal-U

Le XVIIIe siècle correspond à ce que Bruno Jammes a défini comme « l'apogée du livre scientifique. »[1] A l'appui de cette thèse, qui postule que l'imprimé devient le vecteur de base de la diffusion du savoir savant, des études quantitatives ont montré la multiplication de titres d'ouvrages scientifiques et des revues spécialisées dans les catalogues des libraires ou des bibliothèques. De leur côté, se distançant d'une approche quantitative, les études de Lucien Febvre, Roger Chartier, Robert Darnton ou encore Giles Barber, ont mis en lumière les mécanismes du monde de l'édition, reconstruisant la vie et les pratiques des éditeurs, des libraires, des agents littéraires, des lecteurs d'Ancien Régime sans oublier d'étudier le travail d'atelier2[2]. L'étude que je propose s'inscrit dans le sillage de cette histoire sociale du livre, et l'applique au monde savant. L'imprimé étant devenu le moyen principal pour attester la primauté d'une découverte, un savant qui souhaite être intégré et reconnu par ses pairs sur le plan international ne peut pas se borner au pur travail intellectuel : connaître les mécanismes du monde de l'édition et savoir les exploiter devient primordial.

Afin d'étudier les multiples acteurs au parcours souvent obscur qui concourent à la réalisation des imprimés savants - copistes, traducteurs, libraires-éditeurs, dessinateurs et graveurs – je me focaliserai sur deux des plus féconds représentants des Lumières helvétiques, à certains égards antinomiques, le médecins Albrecht von Haller (1708-1777) et Samuel Auguste Tissot (1728-1797). Il s'agit incontestablement de deux hommes qui ont su s'imposer sur le marché du livre scientifique. Leur riche correspondance et celle avec leurs éditeurs, libraires etc, thématise leurs pratiques « quotidiennes » liées à l'univers du livre et surtout met en lumière les acteurs qui travaillent aux marges de la production des savoirs : un vrai réseau parallèle à celui académique, cheville ouvrière de la circulation des savoirs, sans le soutien desquels les savants seraient perdus. L'approche micro-historique de l'étude de cas sera appliquée à l'étude et susceptible d'être discuté dans ses implications méthodologiques.


[1] Jammes, Bruno, « Le livre de science », In Chartier, Roger & Martin, Henri-Jean (éd.), Histoire de l'édition française. Le livre triomphant (1660-1830). T.2, [Paris]: Fayard, 1990(2), (1984), p. 256.

[2] Voir par exemple Febvre, Lucien & Martin, Henri-Jean, L'apparition du livre, Paris: Albin Michel, 1999, (1958), Barber, Giles, Studies in the Booktrade of the European Enlightenment, London: The Pindar Press, 1994, p. 407.



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